L’ouvrage apporte un éclairage nouveau et original sur la situation des jeunes pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance en France. L’auteur inscrit tout d’abord son travail dans une histoire longue, celle des protections sociales qui ne sont pas données une fois pour toutes. S’agissant des jeunes majeurs, ces protections, construites à l’aune des années 1970, dans des formes judiciaires ou administratives, se sont installées comme un support d’émancipation pour des jeunes isolés et sans soutien familial avant de décliner peu à peu et de constituer de nos jours un droit « presque mort ».L’analyse documentée de ce phénomène montre qu’à partir des années 2000, l’État et les départements vont progressivement déconstruire cette protection en privilégiant les critères économico-administratifs du new management public par le biais d’une notion incongrue, sans base juridique réelle : celle de « grand mineur ». À partir de témoignages, l’ouvrage démontre comment, à un moment donné, ces jeunes vont croiser une volonté politique qui, sous couvert d’une nouvelle idéologie de l’autonomie, vient paradoxalement perturber un parcours vers l’autonomie et inscrire des inégalités au sein du territoire de la République. Avec précision, il décrit les lignes de force de ce véritable renversement allant du jeune majeur (18/21 ans) au grand mineur (16/18 ans), passant d’une logique de solidarité à une logique de « lâchage institutionnel ». Il termine son propos par des propositions innovantes permettant de repenser la protection des jeunes majeurs dans notre pays.