Une femme seule, désœuvrée, occupe une villa de bord de mer. Temps suspendu de l'ennui : passé et présent coexistent dans l'ajournement de tout avenir. L'extérieur reste abstrait, quasi-irréel, contemplé dans le cadre nettement découpé d'une baie vitrée. L'action n'est pas refusée, elle est située hors champ. Dans ce texte qui a donné son nom au recueil, le drame n'est pas absent, mais il n'est jamais nommé. Les treize autres nouvelles qui composent La Baie vitrée évoluent dans le même trouble. « Contradiction » lance la machine, sur une note méchante et acérée, et « Intimité » clôt le livre dans le climat désenchanté de la rupture. De l'un à l'autre, il n'est jamais sûr que l'on ait changé de motif : chaque texte peut être lu comme une variation du désir, dans sa dimension mortifère, jalouse, obsessionnelle ou mélancolique. Et même s'il n'y a pas de progression chronologique ni de lien narratif manifeste entre chaque récit, il n'est pas interdit de penser qu'ils prennent tous leur source dans l'âme d'un même narrateur, tour à tour exalté, déprimé, et finalement insaisissable.