Toutes les écoles philosophiques font place aujourd’hui à ce qu’on appelle « la question du langage », mais chacune l’entend à sa façon. La philosophie herméneutique, héritière de l’idéalisme allemand et de la phénoménologie, pose le problème de l’interprétation des textes. La philosophie sémiologique, connue aussi sous le nom de « structuralisme », est une réflexion sur la communication par signes. Quant à la philosophie analytique du langage, elle traite de la forme logique des propositions.Ce livre montre comment ces diverses “ questions du langage ” ont été suscitées depuis plus d’un siècle par la question épistémologique de la certitude qui gouverne toute la philosophie moderne. Que savons-nous de science certaine ? La réponse classique est que nous sommes sûrs de ce qui nous est donné dans une expérience authentique. Mais ce qui nous est donné, comment le dire ? C’est la question du langage.Or nous pouvons parler aussi de ce qui n’est pas présentement donné. La question du langage est donc, en fait, plus large que celle de l’épistémologie. Lorsque la question du langage retrouve sa forme analytique, la philosophie cesse d’être soumise à la visée d’une fondation ultime de la certitude de savoir.Grammaire philosophique est le nom qu’on donnait, au Moyen Âge, à l’étude de la manière de signifier quelque chose. Il y a toujours plusieurs façons de dire quelque chose. La variation philosophiquement la plus intéressante n’est pas celle du lexique, mais celle de la construction grammaticale.Le présent essai applique l’analyse philosophique à divers genres d’objets dont il est fait état dans les théories contemporaines : l’objet en tant qu’objet de l’ontologie, l’objet de conscience de la phénoménologie, l’objet de connaissance de l’épistémologie, l’objet de référence de la sémiologie, l’objet paradoxal du désir des doctrines du signifiant (psychanalyse, critique littéraire), enfin l’objet de fiction.