« Je vois un danger imminent, je vois se former des orages qu’un jour toute la puissance royale ne pourra calmer, qui répandront l’amertume sur toute la vie du Roi, et précipiteront son royaume dans des troubles dont personne ne peut prévoir la fin.»Ainsi s’exprime Malesherbes en 1787. Il est alors ministre de Louis XVI dans un Conseil où il ne peut exprimer son opinion. Toutes les décisions étant prises tête à tête entre le roi et Loménie de Brienne, principal ministre, il donne rapidement sa démission et remet au souverain plusieurs mémoires restés inédits à ce jour. L’éminent juriste y développe un large programme de réformes. Estimant révolu le temps de la monarchie absolue de droit divin, il supplie le roi d’accorder une constitution au royaume dans laquelle une assemblée élue jouera un rôle important. La réforme de la fiscalité, de la justice, l’abolition de la société d’ordres et la proclamation des libertés devront suivre aussitôt. Louis XVI reçut ces avertissements « avec un air de bonté ».On ne sut jamais ce qu’il en pensa. C’eût été la révolution venue d’en-haut.