Les parents et l'école n'ont plus aujourd'hui le monopole de l'éducation, d'autant que les modèles dominants d'autorité parentale accordent une attention particulière au développement personnel et à l'autonomie qui peuvent faciliter l'influence des discours extérieurs, celle des pairs comme celle des médias, sur les préadolescents. Après avoir évalué les risques médiatiques auxquels sont soumis les préadolescents et l'impact des régulations proposées par les institutions (classification des programmes en fonction de l'âge par exemple), l'enquête réalisée auprès de plus de 1000 préadolescents et de leurs parents permet de mieux comprendre les stratégies parentales d'éducation avec les médias mais aussi les stratégies des préadolescents eux-mêmes qui varient selon leur genre et leur environnement social. Elle incite à organiser une résistance adulte et citoyenne pour assurer une corégulation des médias compatible avec l'enjeu anthropologique que représente l'éducation des plus jeunes. Sophie Jehel, docteure en sciences de l'information et de la communication, agrégée en sciences économiques et sociales, ancienne élève ENS, a été chargée de mission auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel pendant quinze ans (1991-2006).