De Joachim du Bellay à Marguerite Duras, les plus grands écrivains de notre littérature ont connu des moments de faiblesse et ont raté certaines de leurs œuvres. Histoires aberrantes, personnages inconsistants, style boursouflé, vers boiteux – ces textes plongent tout lecteur sensé dans la consternation. Comment ces auteurs en sont-ils arrivés là ? Tenter de répondre à cette question conduit à interroger, avec l’aide de la psychanalyse, les mystères de l’acte créateur. Si l’œuvre parfaite, en effet, isolée dans sa plénitude, n’offre souvent que peu de prise à la réflexion, l’œuvre ratée, par son échec même, dévoile une partie des mécanismes du génie. Soucieux d’être constructif et de tirer toutes les conséquences de ses hypothèses théoriques, cet essai propose aussi des améliorations concrètes. Changements de forme, variations dans les intrigues, déplacements de personnages d’un livre à l’autre permettent d’imaginer, entre rêve de perfection et délire de réécriture, ce que ces œuvres auraient pu être dans des mondes littéraires différents.