Lire l'entretien de l'auteur (propos recueillis par Audrey Minart)Prix Oedipe des Libraires 2017Nombre d’adolescents nous tiennent à distance : « Ne me demande rien » semblent-ils signifier lorsqu’ils ne l’énoncent pas clairement comme tel. Cet énoncé ne peut être entendu comme une demande même s’il en revêt les contours, mais plutôt comme l’impossibilité d’un point d’accroche à la demande. Pourquoi les adolescents se comportent-ils comme s’il ne pouvait ne (plus) rien leur arriver ? « Il ne peut (plus) rien m’arriver » n’installe pas le sujet dans la vie mais dans une forme d’errance. Peut-on parler d’un défaut de structuration subjective ? Les empêche-t-il de trouver un point ou un lieu originaire ? Pourquoi nombre des actions adolescentes (délinquantes par exemple) ne parviennent-elles jamais à se hisser au rang d’actes mais demeurent, au contraire, des ritournelles répétitives ?Les situations qui servent de point d’appui à l’auteur évoquent des adolescents visant une sorte de renoncement à soi, d’effacement de soi comme ultime recours à l’apaisement. Se perdre pour être… Dans une tension interne qui n’est pas sans évoquer un étrange lien avec la mort, le vide n’angoisse pas, il soulage. Faire le vide en passe également par se taire. Se taire pour oublier ? Oublier une douleur jamais mise en mots. Ce vide du sujet, ce vide de sujet, cet effacement temporaire semble être ce qui est visé, notamment au travers du détour toxicomaniaque, rapport « passionné » à l’objet qui pourrait faire oublier.