Les circonstances de la pièce : l'abbé Cotin n'était pas seulement un mauvais poète, c'est aussi pour Molière un homme dangereux. Aumônier du Roiet académicien, il avait demandé "aux autorités politiques et religieuses de sévir contre les comédiens...ces bouffons infâmes". Molière l'attaque de front. Sa pièce s'appelle d'abord Tricotin, il habille son personnage en scène d'un costume lui ayant appartenu réellement, acheté chez un fripier ; surtout il tire textuellement des oeuvres galantes de l'abbé deux poèmes dont il fait éclater la fausseté grotesque. La pièce : Si Molière s'en prend à un défaut, c'est d'abord comme toujours au mensonge, dont la préciosité pédante est à son avis l'une des formes les plus ridicules et des plus nuisibles. Mais, bien entendu, il nous en montre aussi très fortement les conséquences possibles sur les femmes, même s'il reconnait une certaine grandeur à Philaminte et Armande, malgré les traits dont il les crible. Mais Molière ne peut souffrir qu'on s'éloigne de la nature et du vrai, fût ce pour échapper à la vulgarité d'un mari. Réfugiée dans les fausses apparences du savoir et les extases du bel esprit, Philaminte n'est devenue qu'une orgueilleuse, une aveugle femme-dragon qui jette une bonne à la rue dans se soucier de ce qu'elle peut devenir, et qui va faire le malheur de sa fille cadette comme elle a déjà fait celui de sa fille ainé. Elle s'enfonce dans la sécheresse d'âme, comme la pauvre Armande dans ses obsessions et Bélise dans ses folies.