Ce titre m’a été rappelé par mon séjour de deux ans et demi à Toronto au début des années 1960. Certains collègues anglophones faisaient de l’ironie en m’appelant « French-Canuck ». C’est ainsi que j’ai francisé ce terme pour en faire le titre de mon premier roman, publié à la fin de 1994, alors que se dessinait le deuxième référendum. Au départ, le titre devait être « La musique du souvenir », parce que la musique y joue un rôle indispensable.L’histoire se déroule en 2099. Il ne reste à Montréal qu’une petite population de 2 389 francophones, vivant dans une partie de la ville qui leur est consacrée, protégée par un dôme qui évoque la notion d’une serre. Lassé d’être surprotégé à coups de drogues par l’administration canadienne-anglaise devenue immensément majoritaire, un petit groupe de survivants décide de tenter le tout pour le tout et de recommencer à vivre ailleurs, loin de cet univers hermétique, de ce bonheur imposé.Le livre a été écrit dans un esprit caricatural et ironique, soucieux de provoquer le rire. Mais l’humour de l’un est souvent l’enfer de l’autre. Si la critique francophone s’est montrée réceptive et a salué cet humour sarcastique, la critique anglophone a déliré y voyant « un parallèle entre l’antisémitisme en France et le séparatisme au Québec. » (William Johnson, dans une conférence à la Jewish Public Library de Westmount). Il précisait : « Under the cover of futuristic fiction, what is presented in this book is a paranoid fantasy that exploits every cliché of Quebecers’ victimisation at the hands of the rest of Canada. »Gilles Crevier, du Journal de Montréal pensait différemment : « Claude Daigneault s’amuse et nous amuse avec son roman humoristique. (…) L’univers qu’il a inventé est parfaitement grotesque pour souligner à traits forts et ironiques l’effondrement d’une société éteinte (distincte) surveillée par la nouvelle GRC, la Garde Révolutionnaire Culturelle. »Marie-Claire Girard écrivit à la même époque dans « Le Devoir » : « Claude Daigneault manie la plume avec brio et a contacté là un petit roman fort drôle où, sous le couvert de la science-fiction, il nous assène quelques bonnes vérités. »Mon livre n’a pas vieilli d’une seconde. Vous le verrez en riant.