Longue serait la liste des crises de natures diverses, des catastrophes naturelles, des séismes qui se sont succédé en quelques années, remettant au passage en question les certitudes de maîtrise de la nature et de la société que nous nous étions forgées. Si les incertitudes d’origine naturelle ont longtemps marqué la conduite des activités humaines, d’autres, liées aux activités de l’homme, ont désormais pris l’ascendant. Elles alimentent nombre de controverses autour des choix politiques ou des changements techniques et scientifiques. On ne peut désormais plus prétendre dominer aisément les grandes incertitudes. Celles-ci ne sont plus des phénomènes résiduels dont il faut « débarrasser » nos décisions. Mais alors, la question du maîtrisable, celle de la « gestion des risques », doit-elle être posé à nouveau frais. Quelles répercussions peut-elle avoir auprès d’individus contemporains appelés à se responsabiliser, à se maîtriser eux-mêmes, à défaut de pouvoir maîtriser le sort et les incertitudes les plus radicales? Des incertitudes qui ne sont pas réparties également, car, que l’on soit homme ou femme, habitant du Nord ou du Sud, que l’on habite quelque quartier chic ou, au contraire, quelque bidonville, nous ne sommes décidément pas égaux face aux risques.