Il se peut que le Canada, sous sa forme actuelle, survive à notre interminable crise politique et constitutionnelle. Mais le rêve de deux nations, des deux peuples fondateurs ou des deux sociétés distinctes, que des intellectuels et politiciens québécois ont entretenu tout au long du vingtième siècle, est devenu désormais impossible à réaliser. La révision constitutionnelle de 1982 et l'échec de l'Accord du lac Meech qui en découle intimement ont irrémédiablement brisé le rêve dualiste des Québécois.Du référendum de mai 1980 à la crise actuelle, Guy Laforest fait ressortir le rôle déterminant joué par Pierre Elliott Trudeau dans la destruction de la vision dualiste que des Québécois avaient échafaudée pour le Canada. Ce rêve dualiste, c'était celui d'André Laurendeau, de Léon Dion, de Claude Ryan, de Solange Chaput-Rolland et d'Arthur Tremblay. Depuis l'échec de l'Accord du lac Meech, les partisans de la dualité, orphelins de leur vision, ont peine à se retrouver. Empruntant aux concepts et méthodes de la philosophie politique et de l'histoire intellectuelle, l'auteur démontre le caractère profondément illégitime et injuste, pour le Québec, de la Loi constitutionnelle de 1982. Il y voit poindre une culture politique inapte à reconnaître le pluralisme canadien et fermée sur les besoins du Québec en tant que société distincte en Amérique. Il y devine le spectre de la Conquête, et l'ombre de lord Durham.Guy Laforest détient un doctorat en science politique de l'Université McGill. Il a enseigné pendant deux ans à l'Université de Calgary. Actuellement professeur agrégé au département de science politique de l'Université Laval, il est aussi directeur des programmes de premier cycle. Il oeuvre comme secrétaire à la rédaction des recensions à la Revue canadienne de science politique. Avec ses collègues Louis Baltazar et Vincent Lemieux, il a dirigé, en 1991, la publication, chez le même éditeur, d'un ouvrage collectif sur la crise constitutionnelle: Le Québec et la restructuration du Canada 1980-1922. Enjeux et perspectives.