Les mythes sont persistants, surtout lorsqu’il s’agit de masquer les défaillances de la pensée nationaliste, ici comme ailleurs. De notre passé récent, la déformation du souvenir de la Crise d’octobre en est l’exemple le plus patent. Les interprétations d’un certain leadership indépendantiste font trop souvent foi de vérité sur cet épisode, les besoins de la cause ayant dicté depuis quarante ans la mémoire officielle. En effet, de grands pans de la Crise ont malheureusement été oblitérés de la mémoire collective, faisant en sorte que les assassins et les partisans de la violence ont été présentés comme des victimes, et les défenseurs de l’État de droit et de la démocratie comme des oppresseurs.Riche de son expérience et d’une compilation exhaustive de ce qui s’est écrit et dit sur le sujet, William Tetley, professeur de droit international à l’Université McGill et ministre dans le cabinet Bourassa pendant la Crise, réussit à déboulonner les mythes les plus répandus à propos de la Crise. Octobre 1970 fait ainsi contrepoids au révisionnisme dominant, notamment en contestant la théorie selon laquelle le gouvernement n’était pas justifié de mettre en oeuvre la Loi sur les mesures de guerre. Il montre aussi que Robert Bourassa était un chef perspicace et réfléchi, et que l’opposition d’une certaine élite intellectuelle à la position du gouvernement équivalait à un appui de facto au FLQ et au terrorisme.