Sous la direction de Frédéric BoilyAu moment des élections fédérales de 2004 et 2006, plusieurs observateurs se sont mis à évoquer avec plus d’insistance l’influence qu’un groupe d’intellectuels aurait sur la vie politique canadienne. Regroupée au sein de l’Université de Calgary et communément désignée sous le vocable de « Calgary School », cette école jouerait le rôle d’éminence grise auprès du Parti conservateur. Elle agirait comme une sorte de laboratoire d’idées pour les conservateurs de l’Ouest canadien, tout particulièrement auprès de Stephen Harper, ce dernier ayant rencontré ces intellectuels au moment où il a fait ses études, en économie, à Calgary. Or, si les analyses avancées jusqu’ici, notamment les commentaires journalistiques, se sont surtout contentées de mettre l’accent sur l’influence, presque occulte, que cette école exercerait, on ne s’est guère soucié de déterminer si ce groupe forme bien une école, et, plus important, d’examiner en profondeur les idées qu’elle véhicule. Les auteurs réunis ici cherchent précisément à mieux cerner les idées avancées par les membres de cette école. C’est ainsi que l’accent est mis particulièrement sur les auteurs qui les influencent dans leur façon de voir et de comprendre la politique canadienne. Plusieurs membres de l’école s’inspirent de penseurs qui font partie du panthéon conservateur ainsi que du néolibéralisme, comme l’économiste Friedrich Hayek et le philosophe conservateur Eric Voegelin. En somme, l’ouvrage offre une sorte de portrait intellectuel d’une école qui, bien qu’il soit difficile de déterminer l’influence précise qu’elle exerce sur le gouvernement conservateur, se révèle importante pour comprendre les transformations récentes du conservatisme canadien ainsi que son évolution future.