Le portrait d’une grande femme, sous toutes les coutures, par lettres interposées.
Lors de ses vacances dans son fortin, de Belle-Île-en-Mer, Sarah Bernhardt s’entourait de sa famille et d’une joyeuse bande : le peintre Clairin, le musicien Reynaldo Hahn et bien d’autres personnages célèbres de l’époque, qu’elle recevait avec faste au milieu de ses incroyables animaux de compagnie.
Dans ce récit imaginaire, son amie la peintre Louise Abbéma et l’acteur Jean Mounet-Sully s’adressent des courriers qui racontent au travers de multiples anecdotes délirantes cette tragédienne extraordinaire.
Louise est très proche d’elle. Mounet-Sully fut son amant. Il n’a pas été convié à Belle-Île, car ses relations avec l’actrice « à la ville comme à la scène » sont très tumultueuses. Il doit rester à Paris et fulmine.
Ce vieil ours mal léché s’inquiète en apprenant la venue auprès d’elle d’un jeune premier, Victor. Sa jalousie le force à entrer en contact avec Louise qu’il veut convaincre de devenir son espionne.
Victor et Gabrielle, deux personnages fictifs issus du monde du théâtre, échangent aussi des lettres. Ils ont à peine trente ans, ont été amants, et chacun d’eux fait entrevoir d’autres facettes de cette actrice singulière au milieu de son entourage hors du commun.
Ces différents dialogues construisent une histoire originale, captivante et drôle qui fait vivre avec humour un être enthousiaste, romantique, provocateur, mais ô combien attachant : Sarah Bernhardt dont le militantisme politique revendique des valeurs fraternelles et d’une grande modernité.
Un roman épistolaire qui débute sur les chapeaux de roues et se poursuit jusqu'à la fin sur un rythme entrainant !
EXTRAIT
Paris, mercredi 24 mars 1897
Monsieur,
Je reçois votre lettre ce jour. Les bras m’en tombent !
Pour qui vous prenez-vous ? Comment osez-vous m’importuner avec vos jérémiades et dans quel but ? Je n’arrive pas à me décider : êtes-vous un imbécile ? Un foutu menteur ? Juste un jaloux ? À moins que vous ne soyez un petit frustré ?
Ce qui est sûr, c’est que vous êtes un arrogant porteur de couilles qui confond la virilité avec l’autorité.
Vous écrivez « j’ai besoin de savoir… ». Mais de savoir quoi ? En quoi les faits et gestes de Sarah vous regardent-ils ? Ce n’est pas parce que vous avez partagé un temps son lit que cela vous donne le droit de contrôler sa vie. Ou alors les trois quarts de ce que Paris compte de pantalons pourraient réclamer qu’on édite un journal d’information de ses « turbulences ». On pourrait aussi le traduire en anglais : on y gagnerait encore davantage de lecteurs !
A PROPOS DE L’AUTEUR
Depuis cinquante-cinq ans, Jean-Luc Komada vit entre Paris et Belle-Île-en-Mer, où ses parents résidaient. La Ménagerie de Sarah Bernhardt a été écrite durant un hiver de tempêtes. C’est son premier roman.