L'historien n'aime pas les hommes. Il n'aime que les problèmes. Les hommes ne sont pas susceptibles de solution. Ainsi s'est exprimé, il y a des décennies, un grand philosophe. C'est pourquoi, s'agissant du Congo, les auteurs de ce livre ont mis entre parenthèses les hommes, non susceptibles de solution, en ne les abordant que par les faits, c'est-à-dire par les problèmes qu'ils ont datés, dosés, mesurés, identifiés et classés, des faits parlants, accusatoires et accablants. Ils ont évité de trop les manipuler, de peur de les dénaturer, afin de les livrer à l'historien, frais et vierges. Ils les ont vécus, subis ou en sont morts. A l'historien de les analyser, lui dont le métier est l'analyse. A l'histoire et au peuple de les juger, eux dont le métier, le devoir et le droit sont de juger les faits. Le Congo est un grand problème et Lissouba, une énigme. Leur rencontre constitue un choc terrible, une énorme escroquerie. Le Congo en sort brisé, craquelé et noyé dans son propre sang.