« Au fil des années, l'histoire de la Lorraine industrielle des XIXe-XXe siècles, prends corps… Pour étoffé qu'il soit, le bilan n'en demeure pas moins fort déséquilibré. Aujourd'hui, la Lorraine du fer dispose de plusieurs longueurs d'avance sur la Lorraine du charbon… Dans ce bilan, la Lorraine du textile occupe une place intermédiaire. Après les amples travaux de Georges Poull (1978-1982), Pierre Durupt, vosgien de Corcieux, actuellement professeur d'histoire-géographie à l'École normale d'institutrices de Metz, succombe au chant des sirènes cotonnières. En 1983, lorsque le ministère de la Culture propose aux Sociétés savantes d'appréhender le patrimoine ethnologique de leur ressort, Pierre Durupt, assisté d'une dizaine d'enquêteurs bénévoles, est mandaté par la Société d'Histoire de Remiremont pour réaliser cette enquête. Il devient alors l'historien des « Hommes et femmes du textile dans les Hautes-Vosges », dont les pages de ce livre, fruit de près de quatre années de labeur, détaillent les destins contrastés sur deux bons siècles…Foisonnante, la fresque est dominée par les "barons des hautes cheminées" et leur paternalisme, qui n'éclipsent cependant pas le peuple si mélangé du textile, où femmes et enfants sont très présents. Les conditions de travail (horaires, salaires), et de vie (logements, mortalité infantile, sous-scolarisation), et les luttes ouvrières tardives, sont évoquées - sans emphase - avec un souci de décrire et d'expliquer l'emportant sur toute autre considération. Avec, en prime, une question peu courante, voire audacieuse : l'âge d'or des patrons fut-il aussi celui des ouvriers ? »François-Yves Le Moigne