« Ce livre est le voyage d’un voyage. Dès ses premiers pas, cet itinéraire au second degré s’est limité à une interrogation sur la représentation de l’étranger dans l’imaginaire littéraire français, en particulier dans ce qu’on appelle l’exotisme. L’exotisme n’est pas, ici, un folklorisme de surface, mais un secret de toute littérature, de ses paradigmes. « J’avais fixé mon attention sur un corpus limité de textes modernes consacrés aux pays étrangers à la France par des différences de langue, de civilisation, d’imagination religieuse ou artistique. A partir de ce corpus, je me suis posé cette question : comment, jusqu’à maintenant, la littérature française a-t-elle parcouru ces différences ? « Entre le récit homérien et le récit européen moderne, il y a des lignes de force quant à la représentation imaginaire de l’étranger en sa forme littéraire. Ces lignes de force, appelons-les figures mythiques, étant supposé ici que le mythe est le récit d’un secret que la mémoire entretient avec son passé le plus archaïque, le plus nocturne. Voici trois mythes : celui du bon sauvage (indien, africain), celui de la passion du barbare (qui caractériserait l’Orient arabe et islamique), et celui de l’art du mystérieux (Chine, Japon). Loin d’être inconsistants, ces mythes sont la capture d’un secret. Un tel secret introduit l’imaginaire des Français à son espace illisible, à ses sillages de longue mémoire. « Les textes analysés au cours de ce voyage m’ont permis de dégager plusieurs modalités d’être étranger, dont celle de l’étranger professionnel, qui s’observe en observant du dehors sa propre société. »