« C'est le seul homme de mon gouvernement… », disait Ben Gourion de Golda Meir. À quoi Golda devait répondre, par la suite, sans se démonter : « Je ne considère pas cela comme un hommage… Que dirait-on si, dans un ministère composé d'hommes, on disait à l'un d'eux pour le flatter et le valoriser : « Vous êtes la seule femme de mon gouvernement… ».Tout Golda Meir est dans cette riposte.De la gentille enfant russe, terrorisée par les Cosaques tueurs de déicides — entendez les Juifs — à l'adolescente américaine, qui est obligée de fuir la maison familiale par la fenêtre, pour ne pas être mariée de force, à seize ans, avec un homme riche, du double de son âge — jusqu'à la pionnière du désert palestinien de 1921 à cactus et à paludisme — et enfin le ministre des Transports, des Affaires étrangères et le chef d'un État qui, au Kippour, retrouve en 1973 l'Holocauste à sa porte, comme si rien ne s'était passé — « Grand-mère Patrie », c'est l'épopée d'une femme libre et d'une nation qu'elle a voulu arracher aux chemins cruels et maudits du bouc émissaire, et de l'agenouillement devant tous les bourreaux de l'histoire.C'est la victoire d'une femme sur la défaillance des hommes. C'est la victoire sur le désert extérieur et intérieur…C'est une épopée remplie d'espoir et de désespoir, de tendresse et de courage… celle d'une femme, qui a vécu et incarné tous les drames du siècle, le nôtre.