Si l’Histoire de France ne se termine pas avec le précédent septennat (mais nous ne retirons rien de ce que nous avons écrit sur la grande œuvre du giscardo-barrisme), elle ne s’ouvre pas avec l’accession au pouvoir de Monsieur François Mitterrand. Le sacre de l’élection lave le nouveau chef de l’Etat de la démagogie du candidat, laquelle s’analyse comme la forme démocratique du meurtre. Mais le Président n’est relevé définitivement que s’il dépouille tout à fait ce que l’on appelait autrefois la faction. C’est dire que la légitimité s’ajoute à la légalité par l’oubli d’engagements électoraux, le sacrifice de préférences, la perte de compagnons (éventuellement de Falstaff idéologiques), au bénéfice de l’Etat quasi hypostasié dans une nouvelle version politique de la nation. L’art nécessaire du chef de l’Etat consiste en une médiation avec charisme personnel entre « sa » majorité électorale et la minorité, en vue de maintenir un consensus national. Elu Président de la République par « le peuple de gauche », plus quelques autres, Monsieur Mitterrand demeurera légitime s’il assure la « continuité » selon un mode « centre gauche » correspondant à la sensibilité du pays et ne déchirant donc pas le tissu social. La France est une personne. Au prétendant, choisi par l’acclamation de foules, de la rencontrer et de s’en faire « reconnaître ». Qu’il devienne son fils, et elle le légitime. Réduire à peu « le parti séparatiste », comme disait le Général, parachèverait la grande œuvre historique de la Ve République, mais il ne faudrait pas défaire la France en croyant la décommuniser à la faveur d’une étreinte assassine. A. Lebacqz