C'est à un itinéraire singulier, plein de surprises, que nous convie ce livre. Du Saint-Tropez de l'immédiat après-guerre aux demeures les plus huppées, en passant par les salons de coiffure d'Alexandre de Paris - sans conteste en leur temps les mieux fréquentés de la planète - nous voici entraînés dans un tourbillon de rencontres, où défilent pêle-mêle, devant le miroir du praticien, membres du gotha, stars, divas, magnats de la finance et de la politique, princes des arts et des lettres. Ce qui nous vaut, bien au-delà de l'anecdote, une savoureuse galerie de portraits toujours lucides, parfois féroces, jamais méchants. Les ciseaux du coiffeur se font scalpel, pour trancher dans la comédie humaine, jusqu'à l'os. Comme l'écrit Gonzague Saint Bris dans sa préface - et ce n'est pas un mince éloge -, « ce Figaro a l'esprit de Beaumarchais, et ce pommadin oublie bien souvent son peigne pour écrire, à un cheveu près, de l'encrier de Proust »