Le Mexique constitue un champ privilégié pour l'étude des mouvements sociaux, de la mobilisation des masses, de la participation du peuple au développement national. Une telle mobilisation s'est produite lors de la Révolution des années 1910 — la première en Amérique latine — et a soutenu les efforts de la réforme agraire, et ceux visant à faire du Mexique un pays socialiste.De ces efforts, que reste-t-il aujourd'hui, maintenant que le Mexique s'est réintégré dans « l'ordre du monde » ou, mieux, dans l'ordre qui régit cette partie du monde ? Comment ont évolué les institutions d'encadrement des masses, et quels types de participation offrent-elles ?Le conservatisme de la nouvelle élite née de la Révolution, et le contrôle qu'elle exerce sur les mouvements et les forces populaires, et donc sur les canaux de la mobilité sociale, font qu'il ne reste plus grand-chose des idéaux révolutionnaires, sinon le vocabulaire, et une nostalgie elle-même paralysante.Dans ces conditions, quelles sont les perspectives d'une participation populaire au développement à un moment où les inégalités s'accroissent, où les taux de croissance économique s'affaiblissent, et où une partie de plus en plus forte de la population se voit laissée à l'écart de tout progrès ? Jadis en avance sur les autres pays d'Amérique latine, le Mexique est en passe de les rejoindre dans la course au sous-développement, et il est même probable que les structures héritées de sa Révolution soient un des facteurs de cette régression.