Elles sont universitaires, journalistes, banquières, et manient avec vivacité les idées et la répartie. Elles ne vivent pas forcément cloîtrées, mais ont toutes choisi de revêtir le voile de l’islamisme militant, sous quelque forme qu’il adopte, selon les régions ou la tradition. Hinde Taarji a enquêté pendant de longs mois à travers plusieurs pays d’Islam : Egypte, Emirats Arabes Unis, Koweit, Turquie, Liban, Algérie, pour saisir les raisons d’un choix et nous éclairer sur un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Elle a rencontré des centaines d’interlocutrices — et d’interlocuteurs — et en a rapporté autant de témoignages sur ces femmes vivant dans l’ombre de la cité du Prophète. Egyptiennes, Algériennes ou Libanaises, souveraines dans le secret de leurs demeures, elles ont accepté pour une fois de se dévoiler, évoquant les images qu’elles projettent dans l’imaginaire et les fantasmes de sociétés désorientées. Omniprésentes à l’esprit d’hommes déchirés entre un islam idéal, quelque peu mythique, préservé des contingences de l’Histoire, et une modernité qu’ils contemplent, fascinés et dédaigneux à la fois, ces femmes apparaissent comme la part cachée d’une société en pleine recomposition. Les voilées de l’Islam est une enquête révélatrice des ambiguïtés, des outrances et aussi des espérances de l’Islam contemporain.