Gustave Roud (1897-1976) est un des plus grands écrivains suisses d’expression française. Son œuvre n’a pas subi l’ascendant de C.-F. Ramuz, dont il a été pourtant l’ami et le collaborateur. Elle est poétique élégiaque, introspective, elle puise son inspiration à la même source que les romantiques allemands du XIXe siècle. Roud a traduit les œuvres principales de Hölderlin, de Novalis, et puis celles d’Eichendorff, de Trakl, de Rilke. Sa poésie (une poésie en prose, qui n’a pas son pareil en littérature française) est, comme la leur, une quête spirituelle, métaphysique, qui tend vers un absolu réel. inhérent au monde. Vers un paradis terrestre éparpillé dans la nature et que Roud n’a jamais voulu rechercher ailleurs que dans sa haute campagne joratoise. Il ne l’a jamais quittée. Il l’a décrite avec un talent de peintre et un cœur de musicien, avec un esprit de philosophe. Jean Paulhan disait : « Gustave Roud regarde le monde à l’œil nu, et la nature ne le distrait pas. » Dans son extrême solitude, Roud a enduré toute sa vie la souffrance noble des grands visionnaires. La dizaine de livres qu’il a publiés de son vivant et son Journal posthume en sont la preuve rayonnante.