« Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir ! », écrivait Émile Zola en 1897. Cette remarque pourrait s'appliquer en tout point à l'Angleterre. Elle exprime sa surprise de voir une partie de la société, jeune, ouverte et prête à embrasser un nouveau siècle, être antisémite. Cette incongruité se retrouve outre-Manche à la même époque. L'Angleterre, mue par ses idées libérales, sa démocratie, jouissant d'une ouverture d'esprit vis-à-vis de ses minorités, de sa liberté religieuse et de conscience, n'échappa pas à ce phénomène au coeur de son monde politique. L'antisémitisme ne semble pas être une composante idéologique au sein de cette terre qui, à la demande d'Oliver Cromwell, fit revenir les Juifs sépharades. Néanmoins, si l'on y regarde de plus près, à l'époque où Zola écrit ces mots, force est de constater que l'étude des propos cachés sous des termes génériques révèle une tout autre réalité.