Durant la dernière guerre mondiale, des résistants de toutes nationalités, arrêtés dans les pays occupés par Hitler, ainsi que des condamnés de droit commun extraits de leur prison, connurent dans les bagnes nazis une effroyable agonie. Dominique Gaussen fut arrêté comme « frontalier » par la Gestapo le 9 juin 1943. Il fuyait la réquisition des étudiants de vingt ans pour le Service du Travail Obligatoire en Allemagne et cherchait à rejoindre par l’Espagne les Forces Françaises Libres. Il passa par les prisons de Pau, Biarritz, Bayonne, Bordeaux, puis par les camps de Compiègne et Buchenwald, avant d’aboutir à celui de Dora, l’usine installée dans un tunnel au nord de Weimar dans la Saxe, où les nazis fabriquaient leur arme secrète, les fusées V-2. A Dora, comme dans tous les autres camps hitlériens, certains détenus privilégiés, les Kapos — valets des S.S. — avaient droit de vie et de mort sur les autres détenus. « Le Kapo » de Dominique Gaussen, c’est le Grand Georges, gigantesque silhouette inoubliable circulant dans l’enfer souterrain du tunnel, toujours flanqué de son inséparable compagnon, le petit interprète aux yeux candides. Dans cet enfer, 20 000 hommes moururent, dont 3 000 Français. A certaines périodes, on comptait soixante-dix pendaisons par jour... Avec un impitoyable réalisme, Dominique Gaussen décrit ce que fut son existence et celle de ses camarades pendant les dix-sept mois qu’il passa à Dora, puis son hallucinante évasion quand l’usine souterraine fut évacuée devant l’avance des Alliés.