Chambas, Peter Handke

Un peintre voile de bleu deux ailes dressées. Sur papier à en-tête Hôtel de l'Avenir, un écrivain peint entre jour et nuit un tableau où croisent les mythes de l'autre et les siens peut-être. Neuf bannières.Orient. Dans le geste incisif, impulsif du peintre, dans ce corps à corps avec la page blanche, dans ce mélange sans fard parfois entre texte et trait.Dans cette orthographe réinventée au gré des mots d'une langue étrange et familière, esquisse d'une calligraphie de l'inadvertance.Occident. Le peintre brûlant – il y a du feu chez Chambas – conjure l'écrivain de lui livrer ces vrais morceaux de bravoure dont les images le hantent. Mots clefs, miroirs brisés. Et l'écrivain de s'enfermer dans l'Hôtel de l'Avenir.Le feu de Jean-Paul Chambas, l'eau de Peter Handke. Où se joignent-ils ? Dans la vérité de l'instant, dans le dévoilement.Entre l'insoutenable légèreté de l'un et le poids du monde sécrété par l'autre, un long fil rouge : les rêves dont nous sommes faits.Claude Hudelot