Partie, banalement, pour évoquer sa génitrice, décidée à ne se fracasser sur aucun écueil (règlement de comptes, hagiographie, travail de deuil convenu), la narratrice se retrouve à la barre d'un bateau fantôme qui remonte au vent, cap sur l'île mystérieuse qu'on appelle roman. La Grande Histoire (guerres, sort de l'Alsace-Lorraine, colonialisme) comme la petite (ancêtres paysans, artisans, marins, vagabond, déserteur) revendiquent leur part dans ce livre où une belle boiteuse croise un grand brûlé, un matricide, un bigame repentant, un blason effrontément malicieux, un staphylocoque doré scandaleusement goinfre, des spectres douloureux... La vie, quoi ! Qui est bien un roman, preuve en est faite une nouvelle fois.