On évoque souvent la dépolitisation du public français. Peut-être ne s’agit-il là que de l’aspect négatif d’une vaste mutation nationale dont l’équivalent se retrouverait sans doute dans d’autres pays occidentaux. Une certaine forme de vie politique s’éteint pour faire place à une participation différente — mais tout aussi profonde — des citoyens à la chose publique. Le fait nouveau, c’est, à côté de la désintégration des vieux partis, l’intégration progressive des disciplines scientifiques dans la vie politique. Une société nouvelle — de type technicien — implique des problèmes politiques nouveaux. Société de vie collective, ouverte sur l’extérieur, ouverte aussi sur des possibilités individuelles inespérées pour la vie de l’esprit, elle exige des rapports nouveaux entre le citoyen et l’État, et même, sans doute, un État d’un type également nouveau. Mais de quel État s’agit-il ? Et ces rapports ne risquent-ils pas de relever de l’oppression ou de la révolte ? Ces questions posent le problème des rapports futurs de la technocratie et de la démocratie, ou de l’alternative entre une politique dirigée par les techniciens et une technique mise au service de l’action politique. Raymond Boisdé a su conjuguer dans ce livre son expérience d’homme politique et sa prévision d’un avenir imminent, afin de définir clairement les données d’un problème inéluctable et les voies d’une solution. possible.