« J’étais républicaine bien avant la Révolution », tels furent les mots de Charlotte Corday lors de son procès. Mais à l’époque on refusa de l’entendre et la légende tenace s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui d’une royaliste exaltée qui avait assassiné le républicain Marat. Il suffisait pourtant de lire ce qu’elle a écrit ou dit — on possède les minutes de son procès — pour découvrir une autre image, celle d’une jeune provinciale de vingt-cinq ans, farouchement opposée à sa famille et à son milieu, d’origine aristocratique et, par-delà, une mystique assoiffée de liberté, de justice et de paix qui entendit anéantir — en assassinant un homme de l’âge de son père — le symbole vivant de la violence, le premier théoricien de la Terreur dont Karl Marx reconnaîtra l’importance en annotant ses écrits. C’est à la redécouverte de cette personnalité fascinante que s’est employée Jacqueline Dauxois, avec une ferveur — qui n’exclut pas le sens critique — au diapason de celle de son héroïne.