En épigraphe à ce livre, René de Chambrun a placé une phrase écrite par Pierre Laval dans sa cellule peu avant sa mort : « Mon honneur consistait à alléger la souffrance des Français. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes me doivent la vie, des centaines de milliers d’autres la liberté ». Pensant qu’il aurait droit à un véritable procès, il terminait ainsi : « Je ferai parler les chiffres et les faits lors des débats. » Ces débats, on le sait n’ont pas eu lieu. À leur place, pour répondre aux vœux de l’homme d’État exécuté sans avoir été jugé, René de Chambrun a publié en annexe de sa biographie sur Pierre Laval un schéma sous la forme de douze tableaux, dont le premier de cinq pages avait pour titre : « La protection des prisonniers. » C’est donc un résumé de ces cinq pages de l’action constante de Pierre Laval en faveur de prisonniers qui est ici développé, commenté et enrichi de documents inédits (sur l’évasion du Général Giraud, par exemple). À ceux que le titre du livre peut surprendre, l’auteur rappelle qu’en juin 1940, 2 600 000 prisonniers sont devenus les « Otages d’Hitler », mais que, grâce à Laval, dès septembre 1940, un Ambassadeur des prisonniers était reconnu par le Reich et la France admise comme « une puissance protectrice » de ses propres soldats enfermés dans les camps, statut dont ne bénéficièrent pas les prisonniers anglais, américains, polonais et russes. Entre le désastre de Mai-Juin 1940 et la Libération de 1944, 1 400 000 prisonniers furent libérés, en même temps que 120 000 grands malades et blessés étaient rapatriés. Il est donc revenu deux fois et demie plus de prisonniers qu’il n’est parti d’ouvriers français en Allemagne au titre du STO. C’est à l’intention de ces « centaines de milliers d’hommes », à celle de leurs femmes et de leurs enfants, c’est aussi à l’intention de tous les Français soucieux aujourd’hui de connaître un point de notre histoire longtemps déformé que ces « chiffres » et ces « faits », comme l’avait espéré Pierre Laval dans sa geôle, doivent apparaître dans leur éclatante vérité.