Il y eut jadis — il y a encore — de hauts lieux de la dentelle : Le Puy-en-Velay, Valenciennes, Alençon, Bailleul, Arras, Lille, Sedan ; en Belgique : Bruges, Malines, Bruxelles, Gand… Tous ces grands centres ne suffisaient pas toujours à répondre à la demande, tant nos ancêtres raffolaient de dentelles : elles enrichissaient les manchettes, les gants, les cols, embellissaient les rabats des prélats et les jabots des princes, paraient les corsages et les manches des grandes dames. Les rideaux de dentelle neigeaient le long des lits et des fenêtres. C’était une orgie de parures vaporeuses. Mais derrière ce luxe, il y avait l’envers du décor, les dentellières exploitées, misérablement payées, rivées à leurs fuseaux de l’aube au crépuscule. À côté des ouvrières en atelier ou en chambre, les dentellières des campagnes connaissaient un sort plus enviable. Elles travaillaient librement sur le seuil de leur « ousteau » et se transmettaient leur savoir de génération en génération. Marie la Dentellière représente toutes ces humbles femmes aux doigts de fée. Elle raconte la vie de son village, le rôle si important qu’y jouaient les béates, ces étranges religieuses qui s’installaient au cœur d’une paroisse pour aider le curé, sonner l’Angélus et apprendre la dentelle aux enfants. Toute la vie pittoresque des communes dentellières d’autrefois revit à travers Marie, qui aime son beau métier, cherche sans cesse à le perfectionner et accède dans sa simplicité à une véritable formation artistique. À la fois document et roman d’une vie, ce livre se lit avec émotion et curiosité.