Les Français eux aussi ont découvert l’Amérique. C’est au Brésil que touche le premier bateau français, armé pour l’Amérique en 1503. Qui connaît encore l’histoire de Gonneville ? Pour plus d’un siècle, les Français s’allient à ces cannibales qui leur fournissent le “bois de braise” pour teindre les draps de Rouen. Qui sait que le découvreur de la côte des États-Unis et du site de New York, en 1524, est au service de François Ier ? Verrazane meurt, plus tard, aux Antilles, sous la dent des cannibales. Qui se souvient encore que Villegaignon fut roi d’Amérique, que des Français ont fondé la première ville d’Amazonie, que ce sont derrière des Normands, protestants comme eux, qu’Anglais et Hollandais arrivent dans ces parages américains ? Certainement pas les compagnons de Bougainville, qui décrivent Patagons et Fuégiens en 1767, mais ont tout oublié de leurs prédécesseurs du XVIe siècle. Les baleiniers russes et américains, eux, se souviennent encore, vers 1905, que Lituya Bay en Alaska s’appelait Port-aux-Français car les premiers morts européens à cette côte étaient compagnons de La Pérouse. À Terre-Neuve, au Canada, à partir de 1535, avec Cartier puis Champlain, la découverte française est plus connue. Tout le continent est parcouru par des Français. On cherche de l’or, on trouve des peaux de castor, moins rentables que la morue et le sucre. Derrière les marins, les missionnaires, les trappeurs puis les savants au siècle des Lumières : en perruque poudrée et culottes à la française, ils parcourent l’Amazonie et la Guyane en canots indiens. Voir et comprendre, comment, pourquoi : la stratégie, les moyens, la ténacité, la foi des hommes. Un regard nouveau, à chaque génération renouvelé, sur la nature et les hommes du nouveau monde qui révolutionne l’Europe. Tel est le propos d’une histoire qui rassemble les découvertes des navigations françaises en Amérique sur trois siècles de modernité.