Fin avril 1789, sept députés, représentant le Tiers-État de la Sénéchaussée de Rennes, rejoignent Versailles pour participer aux États Généraux. Ils deviennent rapidement les « grenadiers de la Révolution ». Quatre entrent dans l’histoire : le ténébreux Lanjuinais, fondateur du Club breton, futur Club des Jacobins ; le fougueux Le Chapelier, rédacteur du serment du Jeu de Paume et auteur de la loi libérale qui porte son nom ; le père Gérard, célèbre pour son costume breton ; le calme Defermon, qui sera comte d’Empire et pair de France et qui est le scribe de l’équipe. Celui-ci écrit officiellement aux « commettants » de Rennes, mais il note également ses impressions et celles de ses amis dans son journal personnel et inédit. Les sept députés ont la tête chaude et le cœur démesuré. Ils partent à la découverte de la ville royale, avec un mandat en poche : obtenir le vote par tête et des délibérations en commun, les trois ordres réunis. Amoureux fous de la liberté, ils veulent l’égalité devant l’impôt. Ils souhaitent une constitution, mais ils crient « Vive le Roi ! ». Ils apprennent le métier passionnant, épuisant, déroutant de parlementaire. Ils se heurtent à l’intolérance. Ils piaffent d’impatience devant la longueur des discussions, les temps morts, les jours inutiles. L’apprentissage de la démocratie se révèle malaisé. Ils côtoient le sage Bailly, l’affreux Mirabeau, l’éloquent Barnave, le sérieux et triste Mounier, et combien d’autres qui font l’histoire de notre pays en cette période exaltante. Ils prêtent le serment du 20 juin. Ils font naître « l’Assemblée nationale ». Ils créent l’ambiance. Ils contribuent à élaborer les procédures, à créer les habitudes qui ont façonné le visage du parlement d’aujourd’hui. Ils sont les vrais révolutionnaires, avant la tourmente insensée de la Terreur. Dès le 14 juillet 1789, la France moderne s’est exprimée. Déjà tout est dit. Les sept députés bretons racontent leur aventure.