Il est des individus qui n’ont guère connu la joie, comme de ces naufragés qui sont restés de longs jours sans manger : il faut les nourrir à doses infimes, prendre garde, les réhabituer doucement, et de cette manière les amener aussi au bonheur comme ceux qui ont longuement été privés de pain. C’est le cas de Pierre. Jusqu’à 14 ans, il a vécu dans un coin du Hainaut, n’ayant pour compagne que sa solitude et son attente. Et voici qu’un jour, par un miraculeux effet du hasard — ou de la Providence — il voit les choses changer, un foyer s’ouvrir à lui, une maison où il fait doux, où il est permis d’être joyeux, où tout le monde, sans exception, travaille à ce que les laides images du passé s’effacent. Il y a ces nouveaux parents qui ne font aucune différence entre lui et leur vrai fils. Il y a surtout Benoît, le petit Benoît qui comprend tout, assume tout, sait tout calmer, tout comprendre. Et Pierre prend un peu peur devant ce changement ; et Pierre tremble pour son bonheur si neuf et si inattendu qu’il a toujours l’impression qu’il va se réveiller après un trop beau rêve. Il sera long de l’amener à y croire vraiment, long et difficile de le confirmer dans la joie. Mais tous ceux qui l’entourent se sentent assez d’amour pour l’entourer et le conduire tout au long de ce chemin. Un livre étonnant, aux personnages dessinés avec beaucoup de finesse, et que nos jeunes lecteurs n’oublieront plus.