La lutte de l’Algérie française a suscité déjà une masse d’ouvrages : documents, mémoires, romans. Il n’en est pas de même du combat d’arrière-garde mené en métropole par l’O.A.S. Paul Guérande comble aujourd’hui cette lacune. L’auteur, essayiste et critique, n’y apporte aucune prétention. Il n’a pas cherché à écrire « Guerre et Paix », non plus qu’une synthèse — encore prématurée — sur la vie et l’action des réseaux clandestins. Si l’on veut à tout prix comparer son livre à des exemples connus, disons qu’« O.A.S. métro » tient de « Bande à Part » de Jacques Perret, avec sa vie, sa couleur et une ironie qui ne masque pas la sympathie, et aussi de « Don Camillo », avec ses chapitres anecdotiques qui contiennent chacun une nouvelle autonome. Dans ce document romancé le lecteur trouvera un sous-lieutenant déserteur, des légionnaires en rupture de ban, des héros et des lâches, des agents de liaison gavroches, d’ex-parachutistes, des vieilles filles spécialisées dans le soutien. Écrit avec vivacité, dans une langue directe qui sait manier l’argot et l’invective, entremêlant noms fictifs et personnages réels, le livre de Paul Guérande nous démystifie sur deux fronts : ses héros ne sont ni des ambitieux ou des terroristes, ni des images d’Épinal. Un roman d’atmosphère qui évite le naturalisme, l’apologie et le dénigrement, et restitue aux « maudits » leur réalité d’« enfants perdus ».