Journaliste, chroniqueur, auteur de plusieurs ouvrages dont l’un consacré par un prix de l’Académie française, Charles Courteuge ne pouvait manquer de nous entraîner à travers l’histoire et la tradition ardentes de son Saint-Malo natal, Porte ouverte sur la mer. Une fameuse porte à vaisseaux et un merveilleux petit monde baigné d’océan et de rude aventure, de majesté et de charme, de pathétique et de poésie entre citadelle dure et campagne verdoyante. Dans les rues enserrées de remparts, le mouvement reflue autour de quelques points de rencontre. L’été venu, il se transpose en jeux d’eau et de sable sur les plages, au long de la baie des grandes épopées de la voile. L’îlot n’a pas grandi depuis le temps des maisons de bois pressées sur les escarpements de rocher, mais peu d’entre elles ont survécu à la « brûlerie » du Grand Siècle. Le nid de corsaires et d’armements de toutes sortes s’est reconstruit avec l’or fabuleux et réel des abordages, de la traite et du commerce des mers du sud. Ses admirables frontons de granit s’inscrivaient encore dans les ciels de 1940 et 1944. Mais en quelques jours, la cité fut arasée, incendiée, dépeuplée. On put douter de la revoir. En quelques années, l’esprit de corps des Malouins l’a relevée magnifiquement. Dans les foules renouvelées des étés, dans l’intimité des hivers revivent les observatoires d’où les regards s’enchantent ; les charmes secrets et les effluves de la mer hantent sans fin le rempart au-dessus des lignes de bronze des baigneuses.