Je suis à Québec pour deux jours pour une importante négociation. L’abus d’alcool me frappe encore une fois de plein fouet. Je finalise rapidement un contrat pour une person- nalité que je représente. Deux rencontres étant remises à plus tard, je termine ma journée de travail au bar d’un restaurant, avec mes notes, mon ordi et l’alcool. Il est 11 h du matin. Je travaille un peu. Je bois beaucoup jusqu’en fin de journée.Avant de reprendre le chemin de la maison, sur la Rive-sud de Montréal, je m’arrête pour faire le plein et m’acheter quelques bières que je consommerai en route. J’en suis à ma dernière cannette lorsque ma fille de dix ans m’appelle en vidéo. Je réponds en tenant le téléphone d’une main et le volant de l’autre, ma dernière consommation entre les jambes. Je suis défoncé.« Papa, tu as bu? Tu conduis, papa? Je ne veux pas que tu meures, arrête-toi et ne reviens que demain, je t’en supplie. » Elle pleure à chaudes larmes. Je lui mens encore une fois : « Tout va bien, je serai bientôt à la maison. »Je ne rentrerai pas à la maison, car je m’arrête à un restaurant à quelques kilomètres de chez moi. Je me réveille à l’aurore, paniqué, assis au volant de ma voiture dont le moteur tourne toujours. Épouvantable, ce que je viens de faire subir à ma famille. J’aurais pu me tuer au volant, tuer des gens! Je suis détruit, je n’en peux plus. Je veux maintenant faire tomber le diable qui se tient sur mon épaule depuis toujours. Le 5 juillet 2018, après trente ans de consommation, j’entrerai à la Maison Jean-Lapointe pour y suivre une thérapie de vingt et un jours. Ma vie sera changée à jamais...