Une étudiante en médecine très nouvelle vague, un établissement destiné aux lépreux dans le Midi, l’ombre du dernier médecin résident… Vaguement écœurée, ayant rompu avec ses amis gauchistes comme avec ses bourgeois de parents, la jeune interne espérait se retrouver dans cette ancienne chartreuse, où sont traités des malades atteints de la lèpre, bien isolée du monde au milieu des chênes verts et des garrigues de Valaygues. Très vite dégoûtée, elle regrette son choix et change de place les meubles de sa chambre pour passer son ennui. Elle découvre ainsi le journal intime de son prédécesseur. Elle apprend qu’au cours d’un remplacement au Maroc cet homme, à la veille du suicide, a vaincu ses démons grâce à l’amour mais que sa fiancée gravement malade s’est enfuie et ne donne plus signe de vie ; il s’est réfugié alors à Valaygues où sa trace se perd. Intriguée par l’étrange personnalité de ce confrère surgi des ténèbres, l’interne part à la recherche d’autres documents et interroge les lieux, le personnel et les familiers de la Chartreuse. À vouloir saisir dans son miroir l’image de ce fantôme, elle oublie le quotidien et subit l’emprise du héros inconnu. Qu’est-il devenu ? Et que deviendra-t-elle ? Chaque jour qui passe fait imperceptiblement converger des destins contradictoires : ceux d’une fille de feu et d’un homme qui doute. Derrière cette fiction, Edmond Reboul pose, dans le cadre inhabituel de la lutte contre la lèpre, tout le problème de la vocation médicale. Plus encore : le mystère de l’immanente fonction de guérir. En outre, pour lui, profession, amour, solitude et méditation sont autant de moyens d’exprimer, au second degré, la démarche hésitante de chaque être humain parti à la conquête de soi. Auteur de « Si toubib », que couronna un grand Prix Vérité, Edmond Reboul a découvert très tôt comme enfant de troupe les réalités de l’existence. Ayant franchi dans la foulée les obstacles qui jalonnent la formation d’un étudiant, docteur en médecine, prix de thèse puis lauréat de l’Académie de Médecine (prix Larrey), il a conquis des titres médicaux enviés dont celui de dermatologiste. Parallèlement son métier l’a entraîné au front en Alsace et en Allemagne, puis au Sahara et au Maroc. Sa femme exerce également la médecine. « L’interne des lépreux » ; la bouleversante histoire de deux médecins luttant à la fois contre l’un des plus vieux et redoutés fléaux du monde et contre leurs propres doutes, écrite par un « homme en blanc » qui sait de quoi il parle et qui en parle bien.