«Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, disait Camus, c’est le suicide». Oui, mais il existe mille façons de parler du suicide et autant de se suicider. La mort volontaire n’est pas ce qu’on pense généralement. Elle ne se réduit pas à un acte choisi, à un événement précis. À preuve Charles Bukowski. Son existence s’apparente à un suicide lent, à un aller vers la mort qui s’accomplit chaque jour. Ce qu’on voit chez lui d’une manière évidente, c’est un «échapper à l’existence»: jeu, alcool, sexe, fainéantise, indifférence même à toute chose. Si l’existence n’est pas toujours facile, souvent absurde, Bukowski plus que Camus l’a montré. Mais on persiste à donner raison à celui-ci et non au premier. On continue de prétendre qu’il faut non pas abandonner, mais se révolter: là serait notre seule condition. En est-on sûr? Menée dans une perspective radicale — celle qui doute de tout sans compromis et sans aucun désir de proposer autre chose à ce qui est soumis à la question —, cette réflexion sur notre rapport à la mort et à l’existence répond à cette question.