La journée se tirait. Si j’avais été un gars courageux, je me serais bousillé, mais voilà, caner les autres c’est un compte, tandis que soi-même… Et puis, j’en avais marre de tout, de ce que je venais de faire et de tout ce qui s’était passé avant. Je n’avais vécu ces dernières années que pour ce moment-là, et maintenant que j’avais réussi ce que j’avais toujours désiré, je n’éprouvais au lieu de la joie que je m’étais promise que du dégoût… Lorsque j’arrivai à Aups, la nuit était déjà tombée depuis longtemps. La plupart des boutiques du village avaient fermé. Même la gendarmerie avait bouclé ses portes. Je frappai longtemps… Finalement un gendarme vint m’ouvrir. À ma vue, son visage se renfrogna davantage. Il avait enfilé en hâte sa vareuse et n’avait pas pris le temps de la boutonner. Une bouffée d’air chaud vint me caresser la figure. — Voilà, m’sieur le gendarme, j’en ai allongé deux là-haut à Majastre. Y vous attendent… Il me fit entrer précipitamment.