Lorraine d’hier. Été 1912. Une puissante voiture automobile stationne devant le château de Brouchetière, résidence de Maurice de Wendel, l’un des patrons de la « Maison ». Au volant, impassible, le chauffeur attend et rêve : il vient d’avoir un fils et pense à son avenir. Lorrain annexé, il situe avant tout cet avenir en France et probablement dans la « Maison », fief français et source de travail assuré. Lorraine d’aujourd’hui. 1972. Soixante ans ont passé. La Lorraine sidérurgique perd ses dirigeants traditionnels et, avec eux, une partie de son âme. Le fils du chauffeur, aidé par un paternalisme intelligent, a réalisé ce que son père n’aurait jamais rêvé. Devenu ingénieur et au prix d’une vie de dur combat, il est directeur général des usines de l’ensemble sidérurgique Sacilor, dans lequel s’est intégrée la « Maison ». Il a pour charge d’amorcer la douloureuse remontée qui doit rendre à cette industrie en perdition ses chances de survie. Georges Steines reste fier de ses origines et n’a pas oublié les inquiétudes, pour ne pas dire les angoisses, du monde ouvrier dans lequel il a vécu pendant vingt ans. Il sait ce monde capable de tous les efforts, à partir du moment où il a donné sa confiance. Il croit à cet effort de la dernière chance auquel on l’a associé. En dépit de la brutalité des suppressions d’installations qui brisent un cadre traditionnel presque centenaire, il se bat pour que tous les ouvriers trouvent place dans l’ensemble rénové. Il a foi dans la région et dans ses hommes, mais, comme il l’avait pressenti, il ne parviendra pas à mener à son terme le combat dans lequel on l’a engagé...