Le réviseur linguistique est-il le gardien de règles immuables, un geôlier qui enferme les mots dans leur cachot imprimé, à l’abri des menaces qu’impose l’évolution de la société ? Est-il un ange gardien, protecteur éthéré qui veille sur la magnificence des écrits ? Est-il un gardien de phare qui guide dans la nuit tempêtueuse les auteurs désorientés ? Ou est-il un peu tout cela à la fois : un vigile incorruptible, redoutablement puriste ? un portier qui ne demande qu’à se laisser séduire par la créativité des élus pour engager sa clé dans la serrure du paradis ? un éclaireur à la torche dans le labyrinthe de la langue ?Garder, c’est surveiller, non pour prendre en flagrant délit, mais pour mettre à l’abri. C’est protéger, non contre le changement, mais contre la disparition, l’écroulement. Le tout dans le silence recueilli de la lecture.« Jean-Pierre Leroux (1952-2015) était un réviseur linguistique, un des meilleurs que le Québec ait connus. Il donne ici une réflexion fascinante sur la pratique de ce métier de l’ombre. Il trace également une série de portraits d’éditeurs et d’écrivains qu’il a côtoyés, qui comptent souvent parmi les plus grands, dont Yves Dubé, Jean-Marie Poupart et Victor-Lévy Beaulieu. Cet essai est un hommage aux livres, à ceux qui les aiment, à ceux qui les écrivent.»