« Je », en vacances dans un chalet de montagne, s’amuse à séduire Berthe. Celle-ci — un professeur de lycée — est tellement insipide, tellement exaspérante qu’elle éveille le désir de la torturer un peu, et « Je » adore s’amuser. Mais qui est « Je » ? Homme ou femme ? Avec une astuce diabolique, l’auteur nous laisse jusqu’au bout dans une ambiguïté rêveuse : Don juan serait-il double ? La conquête se poursuit, avec attaques, arrêts, reprises, prémédités. Tant de désinvolture, tant de lucide détachement pourraient paraître inhumains, à la longue, si l’aventure ne faisait surgir chez le conquérant des doutes sur lui-même, des amertumes, une profonde nostalgie de tendresse, qui sont le suc de cette histoire. Cette brève rencontre s’achève par une rupture feutrée, par le refus de l’amour qui eût pu naître. Le récit laisse une impression de douceur acide, de pudique déchirement. La forme, libre, nette, élégante, sert parfaitement cette analyse sans complaisance.