Un "illustre écrivain catholique", d'une conduite irréprochable, marié à une femme qu'il aime et qui lui est fidèle, est arrivé au seuil de l'Académie française. Son expérience de trente-cinq ans de vie littéraire parisienne est l'occasion d'une de ces fresques dans lesquelles Roger Peyrefitte confirme sa maîtrise comme peintre impitoyable de la société contemporaine. Les portraits, les mots, les anecdotes fourmillent, avec cette ordonnance classique et ce brio où excelle le talent de l'auteur. Tous les aspects du monde des lettres sont traités, à la fois dans le cadre de notre époque – l'action a lieu de 1980 à 1982 – et avec de constants rappels du passé, comme seul un véritable érudit, un connaisseur exceptionnel des dessous de la littérature et de l'histoire pouvait le faire, mais avec cet art de la vie qui lui a permis dernièrement de ressusciter Alexandre le Grand. C'est d'ailleurs une des particularités de l'auteur que d'être un historien, en même temps qu'un romancier. Ses chapitres sur les prix littéraires, sur l'Académie française et sur maints autres sujets, touchant les mœurs, sont des morceaux d'anthologie.La première partie du roman se déroule sans ombre pour l'heureux couple, comblé par les succès et mêlé plus ou moins à la vie mondaine. Mais une rencontre bouleverse l'illustre écrivain catholique, l'arrache à la ligne droite de la morale et provoque une crise entre sa femme et lui, heureusement sans altérer leur bonheur. Elle aussi, en effet, a goûté, au cours d'un voyage, des sensations nouvelles et tous deux s'aperçoivent que leur épreuve a enrichi leur connaissance. Au pardon de l'Eglise, s'ajoute leur pardon réciproque.Est-il besoin de dire que tout cela est écrit dans cette langue pure, déliée, ironique, qui est le propre de Roger Peyrefitte ?