Ils étaient 1036, il y a quarante ans, quand la liste fut close pour toujours. Ils n’étaient plus que 349, à la fin de janvier 1986. Ils – et elles, puisque il y avait six. femmes –, ce sont les Compagnons de la Libération, combattants de la dernière guerre choisis parmi les autres pour s’être signalés “de manière exceptionnelle dans l’œuvre de Libération de la France et de son Empire”. Jacques Chaban-Delmas, ancien délégué militaire national en France occupée, compagnon lui-même, rend hommage dans cet ouvrage à tous ses frères d’armes en évoquant les figures de quelques-uns d’entre eux aujourd’hui disparus. Ils sont douze, venus de tous les horizons sociaux, à l’image de l’Ordre de la Libération qui rassemble des généraux et de simples soldats, des ministres et de modestes employés, des descendants de très anciennes familles françaises. De Charles Delestraint, commandant en chef de l’Armée secrète, le “général de la nuit”, à Pierre Ruibet, le patriote de dix-neuf ans, ouvrier dans un arsenal dont l’action solitaire fut pour l’ennemi l’équivalent d’une bataille perdue, en passant par Émilienne Moreau, l’institutrice socialiste et Félix Éboué qui donna, le premier, une base territoriale à la France libre, Jacques Chaban-Delmas retrace ainsi la destinée. Ils avaient en commun la passion de la liberté.