En 1945, alors que se déroulaient les procès de l’épuration, un avocat de vingt-trois ans, Me Yves-Frédéric Jaffré, fut par le plus grand des hasards appelé à défendre Pierre Laval, aux côtés de Mes Baraduc et Naud. « Il m’arrivait de quitter le lycée pour suivre le spectacle judiciaire, témoigne Me Jaffré, mais je ne pouvais imaginer alors que je serais appelé à défendre un homme qui avait assumé, depuis la IIIe République, les plus hautes responsabilités du pouvoir... Nous ne pûmes obtenir ni que soit diligentée l’instruction du dossier qui fut littéralement bâclée, ni que soient appelés les témoins, les soi-disant audiences étant hachées par les interpellations des jurés qui n’hésitaient pas à injurier l’accusé. Nous n’étions pas devant la Cour de Justice de la République, mais devant un tribunal révolutionnaire dont le “verdict” était connu d’avance... » Me Jaffré répond à l’acte d’accusation point par point, et sans en éluder aucun. Ayant assisté Pierre Laval jusqu’à ses derniers instants, il rappelle les circonstances unanimement condamnées de son exécution et ajoute : « Je me charge de sa défense devant l’Histoire ». Cet ouvrage est en effet la plaidoirie pour un procès qui n’a pas eu lieu.