Leur virilité s’exhibe, leur tendresse s’affiche. Ils partagent le plaisir avec leurs enfants, ils savent changer une couche-culotte. Ils ont rompu avec le rigorisme et l’autorité de leur propre père pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler, aujourd’hui, les nouveaux pères. Reste à savoir si la loi et la fonction du père ont changé et comment, ou bien s’il ne s’agit pas, tout simplement, d’une affaire d’hommes obligés de repenser leur corps, leur identité, à l’épreuve de l’irrésistible ascension des femmes, et du bébé devenu, parce que rare, la plus sûre valeur refuge de notre société. En même temps que la politique spectacle, la paternité spectacle est entrée dans nos mœurs. Résiste-t-elle à la réalité de la vie quotidienne et à la froideur des statistiques ? C’est là toute la problématique posée par De père en père qui a pris le parti de donner la parole aux pères nés des ruptures du printemps 68. Des paroles d’hommes qui constituent en quelque sorte le portrait d’une génération.