Sembadel et Clapoteau sont de l’Académie française et en plein délire obsessionnel : ils se prennent pour Bogart. Jouer les « privés » entre deux séances du dictionnaire les excite énormément, les rajeunit de vingt ans. Et ils n’enquêtent pas mal du tout, pour de grands écrivains. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils se penchent « sur de la dynamite » : personne ne leur a dit. Ainsi ont-ils au moins l’excuse d’aller au massacre en toute innocence, alors que l’autre jour quelqu’un à qui on l’avait dit, et pas plus bête qu’eux, a sauté sur un explosif de forte puissance, bien que de nature encore indéterminée. Peut-être le même, d’ailleurs. Pour une fois que Georges Conchon se flattait d’avoir écrit une histoire ne visant rien ni personne, un polar fou, un scénario résolument hors actualité, c’est gagné ! La folie ne se discute pas, mais l’actualité non plus. Dans le mille ! Corrosif. Désopilant. On retrouve dans ce texte la verve cruelle, le sens du récit, le style qui, de « L’État sauvage » au « Bel Avenir », ont fait de Georges Conchon un des tout premiers romanciers d’aujourd’hui. Cette même verve qui a déjà valu une réputation internationale à des films comme Le Sucre ou La Victoire en chantant.