Ils portent à terre le même uniforme, mais ce ne sont pas des marins comme les autres. Ils appartiennent à une spécialité — presque une confrérie — dont ils sont fiers, et dont ils gardent jalousement les traditions, les rites, les habitudes acquises au cours des longues veilles. Avec les sous-marins nucléaires, les sous-mariniers ont retrouvé les longues navigations silencieuses dans les profondeurs, des mois de croisières sans jamais faire surface, vivant en vase clos, le regard posé sur les cadrans des appareils de contrôle, l’oreille attentive aux bruits et aux échos venus de la mer, veillant sur la sécurité du pays, parfois détenant la formidable puissance de la dissuasion nucléaire. Contés en détail par un spécialiste qui a vécu leur vie, qui a connu les survivants des deux conflits mondiaux, qui a épluché les journaux de bord, voici les sous-mariniers pour la première fois regroupés dans un livre de synthèse qui se préoccupe uniquement des hommes. Hommes de fer dans des bateaux d’acier, « sur leur tombe ne fleurit pas la rose », dit une vieille chanson. Voici ceux des temps héroïques de 1914-1918, se battant contre les éléments avec des moteurs trop faibles et des coques peu étanches ; ceux de 1939-1945, engagés dans l’inhumaine bataille de l’Atlantique. Voici enfin nos sous-mariniers nucléaires, avec un bilan de la situation mondiale de ces unités, notamment russes, qui posent au monde tant de problèmes. À l’heure où la sécurité de la France repose sur les sous-marins nucléaires, il est intéressant de les connaître et, pour quelques heures, de partager leur veille.