D’entrée de jeu, Louis Chevalier, professeur au Collège de France, annonce la couleur : « Goûtez un peu ça, comme on disait aux Halles dans le temps, et vous m’en direz des nouvelles. » C’est que, voix de gorge et parler pur carreau des Halles, Robert Lageat - quatre-vingt-deux piges, taulier du Balajo - en vaut dix quand il raconte ses bagarres, ses aventures, ses coups durs… Qui, mieux que ce « docteur ès-bagoulette », comme il se définit, pourrait parler de Paname, lui venu tout droit de l’école de la « Butte aux Radis » ? Robert, il vous ressuscite le Paris populaire, la misère, les Halles, le sport avant-guerre, l’acrobatie et le music-hall sous l’Occupation, la Résistance, le catch dont il a été le patron en France pendant quarante ans, et, enfin, ce Balajo rue de Lappe, ex-temple du musette, aujourd’hui boîte « branchée » des nuits parisiennes. Avec la complicité de Claude Dubois, chantre de la « culture populaire parisienne mâtinée voyou », Robert Lageat nous confie ses souvenirs dans une langue instinctive, truffée d’argot, canaille parfois : un récit foisonnant, haut en couleur et en péripéties, la vie quoi !